« Connue des personnes éclairées pour ce qu’elle était, chacun s’était empressé de lui donner la préférence. Au milieu de sa plus haute splendeur, si son mérite la fit distinguer, sa beauté lui fit donner par excellence le nom de la Belle. Connue sous ce nom seul, en fallait-il davantage pour augmenter la jalousie et la haine de ses sœurs ? »
Gabrielle-Suzanne de Villeneuve
Il était une fois un conte, une histoire, une romance qui transcenda les âges. Inspiré des amours de Psyché et d’Eros, la Belle et la Bête est un hymne à l’Amour, à la Bonté et au Merveilleux, servie par une plume aussi féerique que les fascinants personnages qui en peuplent les pages.
Et si la réécriture de Madame Leprince de Beaumont se rapproche davantage des contes de Grimm par sa « simplicité » et son format, je dois avouer mon inclination pour le récit de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve. Car, et en plus d’être à l’origine de cette histoire enchanteresse, il est le plus riche, tant dans sa prose que dans son univers – mais également dans les caractères plus imparfaits de nos héros. Dans les faits, il est même le plus féeriques des deux récits, tant il foisonne de personnages et de scènes extraordinaires, là où la version de Madame Leprince de Beaumont est plus intimiste.
Mais ce que j’aime particulièrement dans cette première version est le double regard que l’on porte sur l’histoire d’amour entre la Belle et la Bête, histoire qui se déroule entre deux mondes, l’onirique et le « réel ». Une particularité dont je me suis moi-même inspirée dans ma propre interprétation … car l’Ankow est un roman qui fourmille de réécritures – parfois très éloignées – de ces contes qui ont illuminé mon enfance.